Totto-Chan, la petite fille à la fenêtre

Publié le par capucine



Japon, années 40.

Tetsuko dite Totto-chan, petite fille de 6 ans intrépide et curieuse, déconcerte son institutrice. Elle passe ses journées à ouvrir et à fermer son pupitre ou à parler aux musiciens de rue par la fenêtre pendant la classe.
Elle est donc renvoyée de l'école sans sommation. Ses parents décident alors de l’inscrire à l'écoleTomoe, créé et dirigée par M. Sosaku Kobayashi. Dans cet établissement ouvert sur l'extérieur,
où de vieux wagons de trains font office de salle de classe, on fait confiance aux enfants qui apprennent par la pratique plutôt que par la théorie.

Peu à peu, Totto-chan entre dans les apprentissages, apprend le respect des autres et de leurs différences, la ténacité, l’autonomie, l’entraide, la valeur de l’amitié et à accepter l’échec.

A travers divers souvenirs, qui sont autant d'instantanés de l'expérience vécue de Testuko*, on devine une pédagogie originale pour l'époque mais aussi, malheureusement, encore  pour nous :


A Tomoe, les classes situées dans d'anciens wagons sont composées d'une dizaine d'élèves au maximum. L'ordre des places des enfants n'est pas établi : chaque matin, chacun s'assied à côté de qui ça lui plaît. Le matin, les élèves peuvent chacun travailler leurs matières, à leur rythme, et ce, dans l'ordre qui leur convient. Le professeur quant à lui, il ne semble être là que pour répondre à leurs questions, ou aider tel ou tel élève, à sa demande, si besoin est ...

L'après-midi est lui, réservé aux promenades, jeux, découvertes en tout genre. Et tout est prétexte pour instruire les enfants, tout en leur ouvrant grand les portes (relatives) de l'école,  en leur faisant cultiver leur propre lopin de terre avec un fermier du village, par exemple.

Diverses activités ont lieu en mélangeant les groupes d'âges différents, et les enfants handicapés y sont accueillis comme les autres.

Au cours de musique, les enfants tracent les notes à la craie ... sur le parquet ! Parquet qu'ils nettoient ensuite comme un rituel à chaque cours ... Et au cours de " rythmique" , chacun danse comme il le souhaite même si ça ne ressemble à rien !

Chose étonnante, les enfants ont le droit de grimper aux arbres, de nager nus dans l'étangs, ou même de vider la fosse septique à la recherche d'un objet perdu dans les toilettes ! Là où toute personne raisonnable aurait interdit aux enfants pareilles choses, par désir légitime de les protéger, le directeur lui, tout en les surveillant du coin de l'oeil ,les laisse faire leur propres expériences et en tirer eux-mêmes les conclusions qui s'imposent.


Bien sûr le professeur de primaire reconnaîtra beaucoup plus ses petits que celui du secondaire, et ce livre touchant, qui est aussi un hommage attendri à ce pédagogue hors pair que fut Mr Kobayashi, peut entretenir des frustrations chez l'enseignant du secondaire, qui n'a qu'un rapport morcelé avec les enfants. En effet, ce que nous apprennent les expériences multiples des élèves de Tomoe, c'est qu'un élève est avant tout un être humain, déjà une personne quel que soit son âge et que l'on ne peut sans danger traiter comme un simple "apprenant",  ce que poussent malheureusement à nous faire faire les conditions d'enseignement actuelles.







* Aujourd'hui présentatrice télé très connue au Japon. A en croire sa première instiutrice, il n'y avait "rien à en tirer". Sans les efforts des membres de l'école Tomoe, celle-ci aurait certainement connu "l'échec scolaire"... A ce titre, une petite phrase répétée souvent par le directeur a selon ses dires changé sa vie : "En vérité, tu es une petite fille très gentille". A méditer...



AVIS AUX AMATEURS : professeur engagé cherche collègues pour réquisitionner train !



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E
Je vois que mon ptit présent a bien trouvé son chemin dans tes délires heureux!Totto-chan, brise de liberté, qui donne envie de s'y mettre et d'innover...Un livre pour reconnaître la vie, le droit à la différence, et à l'abandon des peurs enseignantes...De quoi se ressourcer et se demander: et si j'en faisais un possible?
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G
et pourtant l'enseignant de secodaire ne devrait pas se sentir frustré, à chaque âge de l'enfant doit correspondre une approche particulière, la seule constante étant la nécessaire valorisation de l'enfant
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C
<br /> Mouif... difficile de valoriser lorsque l'enfant lui-même ne reconnaît que la fichue NOTE comme critère ! rhâ !<br /> <br /> <br />